La maîtrise de soi-même par Coué – partie 3

Troisième partie du livre d’Émile Coué , la maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente :

Conseils, Enseignements à ses élèves et disciples

Recueillis littéralement par Mme Émile LÉON
Les conseils à suivre pour déterminer de bonnes autosuggestions chez les malades sont courts mais suffisants quand ils sont bien suivis : Être sûr de soi et le montrer par le ton de sa voix, être très simple dans ses manières et dans la façon de s’exprimer, être cependant très affirmatif et sembler commander au malade.


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 Ma suggestion générale, dite d’une voix monotone, détermine chez les malades une légère somnolence qui permet à mes paroles de mieux pénétrer dans leur inconscient.


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 Faites que vos paroles encouragent chez le malade un sentiment de rapport amical et de confiance entière; il aimera les expériences et vous donnera toute l’attention dont vous aurez besoin. Après que vous aurez fait naître en lui une condition mentale telle qu’il se sente satisfait et en bonnes dispositions, et que vous lui aurez montré que vous êtes son ami, vous réussirez facilement.


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Quelle que soit la personne que vous ayez entre les [[77]] mains, vous devrez en faire quelque chose et avoir la conciction (sic) absolue que vous en ferez quelque chose.


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Dites-vous bien que tous les rôles que vous désirez remplir, vous êtes capables de les remplir, non seulement convenablement mais supérieurement, à condition qu’ils soient raisonnables, naturellement.


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Lorsqu’on vous jettera un regard froid ou mécontent, ou que vous ne vous sentirez pas sympathique, cela ne vous troublera pas, ne vous enlèvera pas vos moyens habituels; cela les doublera au contraire, les triplera, vous exaltera et vous vous direz : « Cette personne à qui je ne suis pas sympathique va être attirée par moi, je lui deviendrai sympathique », et, d’autre part, toute manifestation hostile glissera sur vous et vous sera indifférente.


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Vous savez par la tradition que certains martyrs sont morts le sourires aux lèvres. Eh bien ! ces martyrs, malgré les supplices les plus atroces, ne souffraient pas. Ayant devant les yeux de leur imagination la couronne qui les attendait au ciel, ils éprouvaient à l’avance les joies célestes qui allaient être leur lot et ils ne sentaient rien.


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Je ne dis pas de paroles inutiles et ne permets pas qu’on en dise. Vous êtes neurasthénique : je sais mieux que vous ce que vous avez, et vous souffrez beaucoup, [[78]] (les neurasthéniques sont contents qu’on leur dise qu’ils souffrent), nous allons voir à vous guérir.


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Mettez-vous dans l’esprit que vous devez obtenir tel résultat et vous trouverez les moyens nécessaires pour y arriver, et sans chercher, ce qu’il y a de plus curieux. Si vous trouverez que c’est de votre devoir d’amener certaines personnes aux séances, vous trouverez des paroles pour les décider à venir, même pour leur en donner le désir.


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Plus je vais, plus je vois qu’il ne faut pas forcer même l’attention; je cherche à imiter la nature par l’observation. Plus un enseignement est simple et court, meilleur il est. Ne pas chercher à se faire des suggestions diverses : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », répond à tout.

Une personne avait une main fermée depuis de deux ans, malgré les traitements des médecins. Le docteur X… la lui a fait ouvrir instantanément, en mettant en elle la pensée : JE PEUX.


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Ne jamais plaindre une personne malade ! On me dira : «Oh! vous avez le cœur dur.» – C’est dans votre intérêt, cela vous ferait du mal que je vous plaigne.


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 J’emploie des termes non pas vulgaires, mais familiers : ils ont plus de force.


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[[79]]

Parler de la voix basse de quelqu’un qui est habitué à être obéi.


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Je dis que notre voix est ce que nous la faisons, qu’elle est susceptible d’être cultivée, que nous devons la cultiver et que quiconque veut s’en donner la peine peut acquérir une bonne voix.


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Le sujet veut faire telle chose, mais, s’imaginant qu’il n’en est pas capable, il fait exactement le contraire de ce qu’il veut.

Le vertige est un exemple frappant de ce que j’avance:

Une personne côtoie un précipice sur un sentier étroit, elle ne pense d’abord à rien; brusquement l’idée lui vient qu’elle pourrait peut-être tomber dans l’abîme. Si elle a le malheur de regarder de ce côté, elle est perdue; l’image de la chute se fait dans son esprit, elle se sent attirée par une force invisible qui augmente avec les efforts qu’elle fait pour résister, elle y cède et va se briser au fond du gouffre. Telle est la cause de la plupart des accidents de montagne.

CE QUI SE PRODUIT AU PHYSIQUE SE PRODUIT AUSSI AU MORAL, ET LES PENSÉES MALSAINES SONT COMME UNE SORTE D’ABÎME QUI DÉTERMINE LA CHUTE DE CELUI QUI NE SAIT PAS S’Y SOUSTRAIRE.


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L’influence de l’esprit sur le corps existe, j’ajouterai même qu’elle est infiniment plus grande qu’on ne le pense communément. Elle est immense, incommensurable : nous la voyons déterminer quelquefois des contractures ou des paralysies qui peuvent n’être que passagères, mais [[80]] qui aussi peuvent durer toute la vie, si des circonstances particulières ne viennent pas changer l’état psychique des malades.

Témoin une femme à Paris, enfermée dans sa chambre depuis 11 années, que j’ai fait lever, marcher et courir.


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Je ne veux pas dire que la volonté n’est pas une force. Au contraire, c’est une grande force; mais elle se retourne presque toujours contre nous. Il faut vous mettre dans cet état d’esprit : « Je désire telle chose et je suis en train de l’obtenir », et comme vous ne faites pas d’efforts, vous réussirez.


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Vous vous créez des symptômes que vous imaginez être ceux de la maladie que vous croyez avoir.

Dites à votre mal :

« TU M’AS EU, TU NE M’AURAS PLUS. »


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Répétez 20 fois, matin et soir : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux, » c’est le même remède pour tout le monde, et si simple et facile, trop simple ! n’est-ce pas ? et pourtant, ceci est très important : si vous avez la pensée que vous êtes malade, vous le serez; si vous pensez que la guérison vient, elle se produit.

Et c’est la certitude qui fait qu’on l’obtient, non pas l’espérance.


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Il est très facile aux parents de faire disparaître les [[81]] défauts chez les enfants et de faire apparaître les qualités opposées, et ils y réussissent en leur répétant toutes les nuits 20 ou 25 fois, durant leur sommeil, ce qu’ils désirent d’eux : que les mamans et les papas considèrent cela comme un devoir vis-à-vis de leurs enfants; c’est une nourriture physique, et ils ont soin de leur donner à manger…


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L’éloge est un stimulant, mais non quand il est exagéré. Le reproche est un stimulant pour l’individu; à continuer, le reproche paralyse. J’emploie des circonlocutions qui ne peuvent pas blesser, j’englobe le reproche dans une phrase; les gens n’en prennent pas ombrage, parce qu’ils sentent bien que je ne leur fais pas de reproches. On se fait les reproches à soi-même; quand d’autres vous les font, ils vous irritent. Je ne fais pas de reproches, JE CONSTATE.


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27-2-1917. Oui, depuis hier, j’ai franchi le cap de la soixantaine et suis en train de devenir septuagénaire, mais si une bombe ou un 380 ne me rencontre pas sur son chemin, je ne m’arrêterai pas là et les années me sembleront légères.

C’EST L’IDÉE QUE JE ME FAIS ET ELLE SE RÉALISERA.

 

 


[[82]]

 

Un Aperçu des « Séances » chez M. Coué

Par Mme Émile LÉON

 
 La ville vibre à ce nom, car de tous les rangs de la société on vient à lui et chacun est accueilli avec une bienveillance égale pour tous, ce qui est déjà un réconfort pour beaucoup; mais ce qui est profondément empoignant, c’est, à l’issue de la séance, de voir des gens qui, arrivés sombres, contractés, presque hostiles (ils souffrent) partent, comme tous les autres, détendus, joyeux, parfois rayonnants (ils ne souffrent plus !) – Avec une bonhomie souriante et forte dont il a le secret, M. Coué tient, pour ainsi dire, le cœur de tous ses consultants dans sa main; il s’adresse successivement aux nombreuses personnes qui viennent à ses séances et leur parle en ces termes :

« Eh bien! Madame, qu’est-ce que nous avons ?…

 


« Oh! vous cherchez trop les pourquoi et les parce que; que vous importe la cause de votre douleur ? Vous souffrez, cela suffit… Je vous apprendrai à faire passer cela…

 


« Et vous, Monsieur, votre plaie variqueuse va déjà mieux. C’est bien, c’est très bien, savez-vous, pour deux fois que vous êtes venu; je vous félicite du résultat obtenu. Si vous continuez à bien faire votre autosuggestion, vous ne tarderez pas à être guéri… Il y a dix ans que vous avez cette plaie, dites-vous ? Qu’est-ce que cela peut faire ? Vous l’auriez depuis vingt ans et plus qu’elle se guérirait tout de même.

 


[[83]]

« Et vous, vous n’avez obtenu aucune amélioration?… Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce que vous manquez de confiance en vous. Quand je vous dis que cela va mieux, cela va mieux, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Parce que vous croyez en moi. Croyez donc en vous-même et vous obtiendrez le même résultat.

 


« Oh! Madame, pas tant de détails, je vous en prie. En cherchant les détails, vous les créez, et il faudrait une liste longue d’une aune pour contenir toutes les choses dont vous souffrez. En somme, c’est le moral qui est malade chez vous. Eh bien ! mettez-vous dans l’esprit qu’il est en train de se guérir et il se guérira. Je vous apprendrai à le faire. C’est d’une simplicité évangélique…

 


« Vous avez des crises nerveuses tous les huit jours. C’est bien : à partir d’aujourd’hui vous ferez ce que je vous dirai et vous ne les aurez plus.

 


« Vous êtes constipée depuis longtemps? Qu’est-ce que cela peut faire? Il y a quarante ans, dites-vous? J’ai bien entendu; mais il n’en est pas moins vrai que vous pouvez être guéri demain; vous m’entendez, demain, à la condition, naturellement, de faire exactement ce que je vous dirai de faire et comme je vous dirai de le faire…

 


« Ah ! vous avez un glaucome, Madame. Pour cela, je ne puis vous promettre la guérison, car je n’en suis pas sûr. Mais cela ne veut pas dire que vous ne guérirez [[84]] pas, car j’ai vu le cas se produire chez une dame de Chalon-sur-Saône et une autre de Toul…

 


« Eh bien ! Mademoiselle, puisque vous n’avez pas eu vos crises nerveuses depuis que vous êtes venue, alors que vous en aviez tous les jours, vous êtes guérie maintenant. Revenez quelquefois néanmoins pour que je vous maintienne dans la bonne voie…

 


« Votre oppression disparaîtra avec les lésions qui disparaîtront quand vous assimilerez bein (sic) : cela va venir, mais il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs…; il en est de l’oppression comme des affections du cœur, elle diminue généralement très vite…

 


« La suggestion ne vous empêche pas de suivre votre traitement habituel… Et pour la tache que vous avez sur l’œil, elle se guérit peu à peu, l’opacité et la grandeur diminuent chaque jour…

 


À un enfant (net et impératif) : « Ferme les yeux, je ne te parle pas de lésions ni d’autre chose, tu ne comprendrais pas; le bobo que tu as dans la poitrine s’en va, tu n’a plus envie de tousser. »

(Explication) : Il curieux de constater que tous les bronchiteux chroniques sont immédiatement soulagés et que leur symptômes morbides disparaissent rapidement.

Les enfants sont des sujets très faciles et très obéissants; presque toujours leur organisme obéit immédiatement à la suggestion.

 


[[85]]

À une personne qui se plaint de fatigue :

« Eh bien ! moi aussi; il y a des jours où cela me fatigue de recevoir, je reçois tout de même et toute la journée. Ne dites pas : « Je ne peux pas m’en empêcher. On peut toujours se surmonter. »

(Explication) : L’idée de fatigue entraîne nécessairement la fatigue et l’idée d’un devoir à accomplir donne toujours la force nécessaire pour le remplir; l’esprit peut et doit rester maître de la bête.

 


« Cette cause qui vous empêche de marcher, quelle qu’elle soit, doit tendre à disparaître petit à petit; vous connaissez le proverbe : Aide-toi; le ciel t’aidera. Restez debout deux ou trois fois par jour en vous appuyant sur deux personnes et dites-vous bien, non que vos reins sont trop faibles, mais que vous pourrez…

 


« Après avoir dit : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux, ajoutez : les personnes qui me poursuivent ne peuvent plus me poursuivre, elles ne me poursuivent plus…

 


« Ce que je vous disais est bien vrai; il vous a suffi de penser que vous n’aviez plus mal pour que le mal disparaisse; ne pensez donc pas qu’il peut revenir, car il reviendrait…

(Une femme à demi-voix : « Il a de la patience, quel homme dévoué ! »)

 


– TOUT CE QUE NOUS PENSONS DEVIENT VRAI POUR NOUS. IL NE FAUT DONC PAS SE PERMETTRE DE PENSER MAL.

[[86]]

« Pensez : MON MAL S’EN VA, COMME VOUS PENSEZ QUE VOUS NE POUVEZ PLUS OUVRIR LES MAINS.

Plus vous dites : je ne veux pas, plus la chose se produit. Il faut dire : cela s’en va, et le penser. Fermez le poing et pensez bien : je ne peux plus ouvrir, essayez ! (le sujet ne le peut pas), vous voyez ce qu’elle vous fait votre volonté !

 (Explication) : Ceci est le point essentiel de la Méthode. Pour se faire de la suggestion, il faut éliminer complètement la volonté et ne s’adresser qu’à l’imagination, afin d’éviter entre ces deux forces une lutte dont la volonté sortirait vaincue.

 


« Affirmer qu’on prend des forces en prenant des années, peut sembler paradoxal, et cependant, cela est vrai.

 


« Pour le diabète employez d’abord les moyens thérapeutiques; je veux bien vous faire de la suggestion, mais je ne vous promets pas de vous guérir.

 (Explication) : J’ai vu plusieurs fois le diabète se guérir complètement, et, chose plus extraordinaire encore, l’albumine diminuer et même disparaître de l’urine de certains malades.

 


« Cette hantise est un véritable cauchemar. Les gens que vous détestiez deviennent vos amis, vous les aimez et ils vous aiment.

 


« Ah! mais vouloir et désirer ce n’est pas la même chose.

 


Après avoir prié les malades de fermer les yeux, [[87]] M. COUÉ leur adresse le petit discours suggestif que l’on trouvera dans la « Maîtrise de Soi-même ». Ensuite, s’adressant de nouveau à chacun en particulier, il lui dit quelques mots sur son cas :

Au 1er : « Pour vous, Monsieur, qui avez des douleurs, je vous dis qu’à partir d’aujourd’hui quelle que soit la cause qui les détermine, qu’on l’appelle arthritisme ou qu’on lui donne tout autre nom, votre inconscient fait le nécessaire pour qu’elle disparaisse peu à peu, et la cause disparaissant, les douleurs vont s’atténuer progressivement, et dans peu de temps elles n’existeront plus qu’à l’état de souvenir. »

 


À la 2e personne : « Votre estomac fonctionne mal, il est plus ou moins dilaté. Eh bien ! comme je vous l’ai dit tout à l’heure, les fonctions du tube digestif vont s’effectuer de mieux en mieux, et j’ajoute que votre dilatation d’estomac va disparaître peu à peu. Progressivement votre organisme va redonner à votre estomac la force et l’élasticité qu’il avait perdues, et au fur et à mesure que ce phénomène se produira, l’estomac se rapprochera de sa forme primitive et exécutera de plus en plus facilement les mouvements voulus pour faire passer dans l’intestin les aliments qu’il renferme. En même temps la poche formée par l’estomac relâché diminuera de volume, les aliments ne stagneront plus dans cette poche, et, par conséquent, les fermentations finiront par disparaître totalement. »

 


À la 3e : « Pour vous, Mademoiselle, je vous dis que, quelles que soient les lésions que vous pouvez avoir au foie, votre organisme fait le nécessaire pour que ces lésions diminuent chaque jour et, au fur et à mesure [[88]] qu’elles se cicatrisent, les symptômes dont vous souffrez vont en s’atténuant et en disparaissant. Votre foie fonctionne donc d’une manière de plus en plus normale, il sécrète une bile alcaline et non plus acide, en quantité voulue, de qualité voulue, qui trouve son écoulement naturel dans l’intestin et favorise la digestion intestinale… »

 


À la 4e : « Mon enfant, tu m’entends bien : chaque fois qu’une crise semblera vouloir venir, tu entendras ma voix qui te dira aussi promptement que l’éclair : non. non, mon ami, tu n’auras pas ta crise, et celle-ci disparaîtra avant d’être venue… »

 


À la 5e : « Je vous ai dit et je vous répète, Monsieur, que votre plaie variqueuse doit se guérir; à partir d’aujourd’hui il va se former au fond de votre plaie une série de bourgeons charnus accolés les uns aux autres qui, en grandissant peu à peu, vont combler le trou existant. En même temps les rebords de cette plaie se rapprocheront dans tous les sens, aussi bien en hauteur qu’en largeur. Il arrivera donc un moment où ses rebords se toucheront, ne formeront plus qu’un point ou qu’une ligne, ce point ou cette ligne se cicatrisera et la guérison sera obtenue. »

 


À la 6e : « Vous avez une hernie, dites-vous. Eh bien ! elle peut, elle doit se guérir. Votre inconscient va faire en sorte que la déchirure qui existe dans votre péritoine se cicatrise peu à peu. Le trou deviendra chaque jour de moins en moins large, finalement il se fermera complètement et vous n’aurez plus de hernie. »

 


[[89]]

À la 7e : « Quant à vous, Monsieur, qui avez une affection des yeux que je crois guérissable, je vous dis qu’à dater d’aujourd’hui les lésions que vous avez dans les yeux vont commencer à se guérir, et, au fur et à mesure qu’elles se guériront, vous constaterez que vos yeux deviennent meilleurs, que vous voyez de plus en plus loin et de plus en plus nettement. »

 


À la 8e : « Vous avez, m’avez-vous dit, un eczéma (ou une affection de la peau). Cette affection doit disparaître rapidement, je dis rapidement, vous m’entendez. Donc, la cause qui détermine cette affection va disparaître peu à peu et, naturellement, la cause disparaissant, le mal va disparaître en même temps. Si vous éprouvez dans les partie malades, de la cuisson, de la démangeaison, de la brûlure, vous constaterez que ces symptômes diminuent tous les jours; s’il y a du suintement, ce suintement va devenir chaque jour de moins en moins abondant, et enfin, au fur et à mesure que votre épiderme tombera sous forme d’écailles nacrées, ressemblant plus ou moins à du son, il se trouvera remplacé par un épiderme souple, de coloration normale qui donnera à la peau la souplesse et la coloration qu’elle doit avoir normalement. »

 


À la 9e : Explication analogue pour le rein flottant et la descente de l’utérus dont les ligaments allongés reprennent progressivement leur longueur primitive.

 


À la 10e : « L’inflammation intestinale (entérite) dont vous souffrez diminue peu à peu et, en même temps, les glaires et les membranes qui accompagnent parfois vos matières deviennent de plus en plus rare rares, jusqu’au [[90]] jour où elles auront complètement disparu et où la guérison sera venue. »

 


À la 11e : « Votre sang devient chaque jour de plus en plus riche, de plus en plus rouge, de plus en plus généreux; il reprend de plus en plus les caractères du sang d’une personne qui se porte bien. Dans ces conditions l’anémie disparaît peu à peu en entraînant avec elle le cortège d’ennuis qu’elle traîne à sa suite. »

 


À la 12e : « Chaque fois que vous commencez à éprouver de la douleur, tout de suite, tout de suite : « Ça passe », vite, très vite, comme un feu de barrage; il faut que vous appreniez à vous servir de l’autosuggestion et quand vous aurez eu plusieurs leçons, vous n’aurez plus besoin de moi; à moins que vous ne croyiez que vous en avez encore besoin. »

 


À la 13e : « Les expériences sont très réussies. Si vous n’obtenez pas le sommeil, c’est que vous faites des efforts; il vous suffit de dire : « Je vais dormir, je vais dormir », en bourdonnant comme une abeille qui vole, et si ce procédé ne réussit pas, c’est que vous l’employez mal. »

 


À la 14e : « Tout ce qui est périodique, on se le donne: à un certain moment toutes les dames avaient des vapeurs; elles avaient entendu dire à 10 ans et après : la tante Gertrude ou la cousine Germaine en a eu; dès lors elles se disaient : « Moi j’en ai aussi. »

 


[[91]]

À la 15e : Dire : « Pourvu que je n’aie pas la migraine », c’est dire : « J’aurai la migraine ».

 


À la 16e: « Vous êtes constipée parce que vous pensez que vous l’êtes; si vous pensez le contraire, c’est le contraire qui se produira. »

 


À la 17e : « Vos frayeurs, vos phobies puériles doivent disparaître; vous avez en vous l’instrument de votre guérison : chassez-les, faites-les tomber comme les miettes d’une table. Personne au monde ne peut avoir d’influence sur vous que si vous le PER-MET-TEZ. »

Ne venez pas me dire la prochaine fois que cela ne va pas mieux, cela doit aller mieux, et n’employez jamais la volonté, ne prononcez pas le mot : « Je veux »; je vous le défends (si j’ai quelque chose à vous défendre). »

 


À la 18e : « Si vous vous êtes cassé un os, allez bien vite à l’hôpital, la suggestion ne remet pas les os, mais elle agit sur les organes, les muscles, etc. »

 


À la 19e : « Suivez-vous votre régime pour l’albumine? »

Sujet. – « Je n’aime pas le laitage. »

M. Coué. – « Eh bien! Figurez-vous que vous l’aimez. »

 


À la 20e : « Pour les démangeaisons (troisième visite) mettez-vous bien dans l’esprit qu’elles ne reviendront jamais. Si vous commencez à les craindre, elles fondront sur vous; et, même si vous allez bien, continuez à venir [[92]] me voir de temps en temps pour que je vous donne le coup de fouet nécessaire pour vous maintenir dans le bon chemin. »

 


À la 21e : Sujet : – « On peut se forcer de penser, Monsieur ? »

M. Coué : – « On n’a pas besoin de se forcer en vivant la « Méthode », cela vient tout naturellement; c’est la même chose pour moi, vous savez. »

 


À la 22e : Sujet : – « Peux pas dire : J’peux pas quand je pense je peux ! »

M. Coué : – « Faites ce que je vous dis, c’est moi qui vous donne une leçon et non pas vous qui me la donnez. »

 


À la 23e : « Vous avez une bronchite et vous prenez des pastilles Valda pour vous calmer, vous faites bien. La suggestion fera disparaître les lésions. »

 


À la 24e : « Vous avez vu le docteur ? Suivez bien exactement le régime qu’il vous a dit de suivre. En même temps faites vous de la suggestion, l’un n’empêche pas l’autre, au contraire, et je vous en ferai aussi. »

 


À la 25e : « Il n’y a pas de guérisseur ici, mais un monsieur qui vous enseigne ce que vous devez faire pour vous guérir. »

 


À la 26e : « Quelle que soit la cause qui détermine les maux de tête dont vous souffrez, votre organisme fait en sorte que cette cause disparaisse progressivement, et, [[93]] naturellement, au fur et à mesure qu’elle disparaîtra, vous constaterez que vos migraines sont de plus en plus rares, de moins en moins violentes jusqu’au jour prochain où elles auront complètement disparu.

Vous sentez, du reste, que chaque fois que ma main passe sur votre front, elle entraîne avec elle une partie de la douleur que vous éprouvez, et dans un instant, lorsque vous ouvrirez les yeux, vous constaterez qu’elle a complètement disparu. »

 


À la 27e : « J’étouffe, surtout à la chaleur. »

M. Coué : – « Vous avez vu le docteur ? »

Sujet : – « Dix docteurs. Ils ont dit : C’est nerveux, mais m’ont laissé mon mal. »

M. Coué : – « Oui, c’est nerveux, mais nous vous aiderons à le faire passer. »

 


Lorsque tout le monde a été passé en revue, M. COUÉ dit aux assistants d’ouvrir les yeux et il ajoute : « Vous avez entendu les conseils que je viens de vous donner. Pour les transformer en réalités, voici ce qu’il faudra faire:

Tous les matins, au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention sur ce que l’on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt nœuds, la phrase suivante : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux ». Les mots « à tous points de vue » s’adressant à tout, il est inutile d’avoir recours à des suggestion particulières.

Faire cette autosuggestion d’une façon aussi simple,[[94]] aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies.

De cette façon, l’on arrive à la faire pénétrer mécaniquement dans l’Inconscient par l’oreille et, quand elle y a pénétré, elle agit.

 Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative.

De plus, chaque fois que dans le courant de la journée ou de la nuit l’on ressent une souffrance physique ou morale, s’affirmer à soi-même qu’on n’y contribuera pas consciemment et qu’on va la faire disparaître, puis s’isoler autant que possible, fermer les yeux, et, se passant la main sur le front, s’il s’agit de quelque chose de moral, ou sur la partie douloureuse, s’il s’agit de quelque chose de physique, répéter extrêmement vite, avec les lèvres, les mots : « ça passe, ça passe, etc., etc., » aussi longtemps que cela est nécessaire. Avec un peu d’habitude on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes. Recommencer chaque fois qu’il en est besoin.

M. Coué ajoute encore ce qui suit : « Si, autrefois, il vous était permis de vous faire de mauvaise autosuggestion, parce que vous vous en faisiez inconsciemment, maintenant que vous savez ce que je viens de vous apprendre, vous ne devez plus vous le permettre. Et si, malgré tout, vous vous en faites encore, n’accusez que vous-même, et frappez-vous la poitrine en disant : « mea culpa, mea maxima culpa. »

 


Et maintenant, s’il est permis à une reconnaissante admiratrice de l’œuvre et du fondateur de la « Méthode » de dire quelques mots, je dirai :

Puisque M. E. Coué dit que c’est l’imagination qui [[95]] nous fait agir et que c’est cela la base de sa « Méthode », je crois pouvoir ajouter : et le corps de l’édifice, ce sont les milliers de guérisons qu’il obtient, et son couronnement, couronnement magnifique, c’est ce noble aveu qui, en même temps qu’un bienfait pour les créatures est un hommage au Créateur : LE POUVOIR EST EN VOUS !.. EN CHACUN DE VOUS !…

Dès lors, chacun peut adapter la « Méthode » à ses croyances personnelles : religieuses, elle nous aidera à faire disparaître les obstacles que nous créons inconsciemment nous-mêmes entre DIEU et nous. Et pour les croyants, comme pour les sceptiques, libres penseurs, voire incroyants, elle nous apprendra à nous libérer de la douleur physique ou morale injustifiée par l’emploi si simple et si facile du merveilleux procédé de notre « animateur ».

ÇA PASSE !

Quant à ceux qui rejettent la méthode, ignorant le secret de sa force, je leur demanderai une chose : « Rejetez-vous la lumière électrique parce que vous ignorez encore (comme les plus grands savants, d’ailleurs) ce que c’est que le courant dans le fil ?

Oh ! vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir ce que cette « Méthode » bénie nous restituera physiquement et moralement.

MAIS EN LA VIVANT VOUS LA CONNAÎTREZ…

Elle vous aidera à remporter la victoire.

 


[[96]]

QUELQUES NOTES SUR LE VOYAGE DE M. E. COUÉ
À PARIS, EN OCTOBRE 1918

 
 Le désir que ne soient pas perdus pour d’autres les enseignements énoncés par M. COUÉ, à Paris, en octobre dernier, m’incite à les écrire.

Laissant de côté, cette fois, les nombreux malades physiques, moraux, etc.., qui ont vu, sous son action bienfaisante, leur maux s’atténuer.., disparaître ! nous citerons simplement d’abord quelques-uns de ses enseignements :

Demande. – Pourquoi, moi, qui ai votre méthode et la prière, est-ce que je n’obtiens pas plus de résultats ?

M. C. – Parce que probablement, il y a, au fond de vous-même, un doute inconscient ou parce que vous faites des efforts. Or, rappelez-vous que l’effort est déterminé par la volonté; si vous faites entrer la volonté en jeu, vous risquez fort de faire entrer aussi en jeu l’imagination, mais dans le sens contraire, ce qui fait que vous obtenez juste le contraire de ce que vous cherchez.

D. – Que faire, quand quelque chose nous ennuie ?

R. – S’il vous arrive que quelque chose vous ennuie, répétez-vous tout de suite : « mais non, ça ne m’ennuie pas, mais pas du tout, du tout, cela m’est plutôt agréable ».

En somme « se montrer le coup » dans le bon sens au lieu de se le monter dans le mauvais.

D. – Les expériences préliminaires sont-elles indispensables quand un mouvement d’orgueil les fait repousser ?

R. – Non, elles ne sont pas indispensables, mais elles [[97]] ont une très grande utilité; car, bien qu’elles puissent paraître quelque peu enfantines à certaines personnes, elles sont, au contraire, extrêmement sérieuses; elles prouvent, en effet, trois choses :

1°) Que toute idée que nous avons dans l’esprit devient vraie pour nous et a tendance à se transformer en acte;

2°) Que, quand il y a conflit entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte; et dans ce cas, nous faisons précisément le contraire de ce que nous voulons;

3°) Qu’il nous est facile de nous mettre dans l’esprit, sans aucun effort, l’idée que nous désirons avoir, puisque nous avons pu, sans effort, penser successivement : je ne peux pas, puis : je peux.

Ne pas répéter chez soi les expériences préliminaires; seul, on ne se met souvent pas dans les conditions voulues, on risque de ne pas les réussir, et dans ce cas, la confiance est ébranlée.

D. – Quand on souffre, on pense à son mal !

R. – Ne craignez pas de penser à votre mal; au contraire, pensez-y, mais pour lui dire :

« Je ne te crains pas. »

Si vous entrez quelque part et qu’un chien se précipite sur vous en aboyant, regardez-le bien en face, il ne vous mordra pas; mais si vous le craignez, si vous lui tournez le dos, il aura vite planté ses crocs dans vos jambes.

D. – Mais si l’on s’en va ?

R. – Partez à reculons.

D. – Comment réaliser ce que l’on désire ?

R. – Vous répéter (sic) souvent ce que vous désirez, par ex.: « Je prends de l’assurance », et vous en prenez; « Ma mémoire s’améliore », et elle devient meilleure. « Je deviens absolument maître de moi », et vous le devenez.
[[98]]

Si vous dites le contraire, c’est le contraire qui se produira.

Ce que vous vous dites avec persistance et très vite se produit (dans le domaine des choses raisonnables, bien entendu).

Quelques témoignages :

– Une jeune femme à une autre dame : « Comme c’est simple; il n’y a rien à ajouter ! »

– Un éminent docteur parisien à de nombreux médecins qui l’entouraient : « Je me suis rallié complètement aux idées de M. Coué ».

– Un polytechnicien, critique sévère, définit ainsi M. Coué : « C’est une puissance ».

– Oui, c’est une puissance du bien. Impitoyable à la mauvaise autosuggestion « défaitiste », mais inlassablement dévoué, actif et souriant pour venir en aide à tous, développer leur personnalité, et enfin leur enseigner à se guérir eux-mêmes, ce qui est la caractéristique de sa bienfaisante « Méthode ».

Comment ne pas désirer profondément que tous comprennent, saisissent la « bonne nouvelle » que M. Émile Coué apporte ? « C’est le RÉVEIL possible en chacun, du pouvoir personnel qu’il a reçu d’être heureux et bien portant ».

C’est, s’il y consent, le plein développement de ce pouvoir qui peut transformer sa vie.

Puis, et ne s’ensuit-il pas de plein droit que pour les initiés, c’est le devoir strict (qui est en même temps un bonheur) de répandre par tous les moyens qu’ils possèdent cette méthode bénie, dont les heureux résultats sont reconnus, vérifiés sur des milliers de personnes, de la faire connaître à ceux qui souffrent, qui pleurent, qui [[99]] peinent.., à tous ! et de les aider à la mettre en pratique.

Puis, songeant à la France triomphante, mais meurtrie, à ses défenseurs vainqueurs mais mutilés, à toutes les douleurs physiques et morales qu’a amenées la guerre, puissent ceux qui en ont le pouvoir (« Le plus grand pouvoir qui ait été donné à l’homme est celui de faire le bien » [Socrate]), faire en sorte que l’inépuisable réservoir de forces physiques et morales que la « Méthode » met à notre portée devienne bientôt le patrimoine de toute la nation et par elle de l’humanité.

Mme Émile LÉON.

 


 
[[100]]

 

 

« Tout à Tous »
Par Mme Émile LÉON

 
 Lorsqu’on a pu profiter d’un grand bien, que ce bien est à la portée de tous, mais hélas ! ignoré de presque tous, n’est-ce pas un devoir pressant, absolu pour les initiés, de le faire connaître autour d’eux ? Car tous peuvent s’approprier les incalculables résultats de la « Méthode Émile Coué ».

Faire disparaître le douleur, c’est beaucoup ! mais amener à la possession d’une vie nouvelle tous ceux qui souffrent, combien n’est-ce pas plus encore ?…

En avril dernier, à Paris, nous avons eu la visite de M. Émile COUÉ, et voici quelques-uns de ses enseignements :

D. – Demande d’une théiste :

« Au point de vue religieux, je trouve que c’est indigne de l’Éternel de faire dépendre notre obéissance à sa volonté de ce que M. COUÉ appelle un truc ou procédé mécanique : l’autosuggestion consciente. »

M. COUÉ. – « Qu’on le veuille ou non, notre imagination domine toujours notre volonté, quand elle est en conflit avec elle. Nous la conduisons dans le bon chemin que nous indique notre raison, en employant consciemment le procédé mécanique que nous employons inconsciemment pour nous conduire souvent dans le mauvais. »

Et l’interlocutrice songeuse se dit : « Eh ! oui, pourtant, dans ce domaine élevé, l’autosuggestion consciente a le pouvoir de nous libérer des obstacles crées par nous- [[101]] mêmes, mais qui peut mettre un voile entre Dieu et nous, comme la loque suspendue à une fenêtre peut empêcher le soleil de pénétrer dans une chambre. »

D. – « Comment agir pour amener des êtres chers, qui souffrent, à se faire de bonne autosuggestion libératrice ? »

R. – « Ne pas insister, ni chercher à faire de la morale. Leur rappeler simplement que je leur recommande de se faire de l’autosuggestion avec la certitude d’obtenir le résultat cherché. »

D. – « Comment s’expliquer et expliquer aux autres que la répétition des mêmes mots : je vais dormir.., ça passe, etc., ait le pouvoir de produire de l’effet et surtout un effet assez puissant pour qu’il soit certain ? »

R. – « La répétition des mêmes paroles force à les penser et lorsqu’on les pense, elles deviennent vraies pour nous et se transforment en réalité. »

D. – « Comment conserver la maîtrise de soi-même intérieurement ? »

R. – « Pour être maître de soi-même, il suffit de le penser, et pour le penser on doit se le répéter souvent sans faire aucun effort. »

D. – « Et, extérieurement, garder toute sa liberté ? »

R. – « La maîtrise de soi-même s’applique aussi bien au physique qu’au moral. »

D. (Affirmation). – On ne peut être sans trouble ni tristesse si l’on ne fait pas ce que l’on doit, ce ne serait pas juste, et l’autosuggestion ne peut… ne doit pas empêcher une souffrance juste. »

M. COUÉ (profondément sérieux et très affirmatif) :

« Certainement, assurément, cela devrait ne pas être, mais cela est souvent… pour un temps tout au moins. »

D. – « Pourquoi ce malade guéri désormais avait-il sans cesse des crises terribles ? »

[[102]]

R. – « Il attendait ses crises, il les craignait !… donc il les provoquait; si ce monsieur se met bien dans l’esprit qu’il n’aura plus de crises, il n’en aura plus; s’il pense qu’il en aura, il en aura. »

D. – « En quoi votre méthode est-elle différente des autres ? »

R. – « Ce qui différencie ma méthode, c’est que ce n’est pas la volonté qui nous conduit, mais bien l’imagination qui en est d’ailleurs la base. »

D. – « Voulez-vous me donner un résumé de votre « méthode » pour Mme R… qui s’occupe d’une œuvre importante ? »

M. COUÉ. – « Voici en quelques mots le résumé de la « méthode » :

« Contrairement à ce que l’on enseigne, ce n’est pas notre volonté qui nous fait agir, mais notre imagination (être inconscient). S’il nous arrive souvent de faire ce que nous voulons, c’est que nous pensons en même temps que nous pouvons.

« Dans le cas contraire, nous agissons précisément à l’inverse de notre volonté. Exemple : plus une personne qui a de l’insomnie veut dormir, plus elle est surexcitée; plus on veut trouver un nom que l’on croit avoir oublié, plus il vous échappe (il vous revient seulement quand vous remplacez dans votre esprit l’idée « j’ai oublié » par l’idée « cela va me revenir »); plus on veut se retenir de rire, plus le rire éclate; plus un débutant à bicyclette veut éviter un obstacle, plus il y court.

« Nous devons donc nous appliquer à conduire notre imagination qui nous conduit; de cette façon, nous arrivons facilement à devenir maîtres de nous-mêmes physiquement et moralement.

« Comment arriver à ce résultat ? Par la pratique de l’autosuggestion consciente.

[[103]]

« L’autosuggestion consciente est basée sur ce principe : toute idée que nous avons dans l’esprit devient vraie pour nous et a tendance à se réaliser.

« Donc, si l’on désire quelque chose, il suffit, pour l’obtenir au bout d’un temps plus ou moins long, de se répéter souvent que cette chose est en train de venir ou en train de disparaître, suivant qu’il s’agit d’une qualité ou d’un défaut, aussi bien au physique qu’au moral.

« On s’adresse à tout en employant matin et soir la formule générale : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »

D. – « Pour les tristes… pour ceux que ont des douleurs ? »

M. C. – « Aussi longtemps que vous pensez : « Je suis triste ! » vous ne pouvez pas être gai, et pour penser quelque chose, il suffit, sans effort, de penser : Je pense cette chose…; quant à la douleur, elle disparaîtra, si violente qu’elle soit, cela je peux vous l’affirmer. »

Un homme arrive courbé, se traînant péniblement, appuyé sur deux cannes, son visage est d’une tristesse morne… Et la salle se remplissant, M. COUÉ entre. Après avoir interrogé cet homme, il lui dit à peut près : « Bien, vous avez un rhumatisme depuis 32 ans et vous ne pouvez pas marcher. N’ayez crainte, il ne vous durera plus aussi longtemps. »

Et après les expériences préliminaires : « Fermez les yeux et répétez vivement, très vivement, avec les lèvres, les mots : Ça passe, ça passe (en même temps M. COUÉ passe sa main sur les jambes du malade, pendant 20 à 25 secondes). Maintenant vous ne souffrez plus, levez-vous et marchez (le malade marche) vite ! plus vite, encore plus vite! et puisque vous marchez si bien, vous allez courir; courez, Monsieur, courez. » Le malade court, joyeux, presque juvénile, à son grand étonnement, et [[104]] aussi à celui des nombreuses personnes qui assistaient à la séance du 27 avril 1926 (Clinique du Dr Bérillon).

Une dame déclare : « Mon mari souffrait de crises d’asthme depuis de longues années, il étouffait, au point de craindre une issue fatale; son médecin, le docteur X.., l’avait abandonné. Il a été guéri presque radicalement de ses crises après une seule visite chez M. COUÉ.

– Une jeune personne vient remercier M. COUÉ avec une vive effusion. Son médecin qui était avec elle dans la salle, dit que l’anémie cérébrale dont elle souffrait depuis longtemps, qu’il n’arrivait point à enrayer par les procédés habituels, avait disparu comme par enchantement par l’emploi de l’autosuggestion consciente.

– Une autre personne, qui avait eu la jambe fracturée et ne pouvait marcher sans souffrir, ni boiter, put immédiatement marcher normalement. Plus de douleur, plus de claudication.

Et dans la salle, qui vibre, éclatent les témoignages joyeux de reconnaissance de nombre de personnes soulagées ou guéries.

– Un docteur : « L’arme de guérison, c’est l’autosuggestion ! » quant à ce philosophe (il le nomme) qui écrit : il s’appuie sur le génie de COUÉ.

– Un monsieur, ancien magistrat, à qui une dame demande son appréciation, s’écrie tout pénétré : « Je ne puis formuler aucune appréciation… je trouve cela admirable ! »

– Une femme du monde, exaltée par la disparition de ses souffrances : « O Monsieur COUÉ ! on voudrait se mettre à genoux devant vous !… »

– Une dame âgée : « Il est délicieux, lorsqu’on est âgée et fragile de faire succéder à un malaise général un rafraîchissement, un grand bien-être, et la « Méthode » [[105]] de M. C… peut, je l’affirme, car je l’éprouve, produire cet heureux résultat, d’autant plus complet, plus durable, qu’il s’appuie sur la force toute puissante qui est en nous. »

– Une voix chaude de sympathie le nomma du nom modeste qu’il préfère à celui de « Maître » : M. le Professeur Coué.

– Une jeune femme entièrement conquise : M. Coué va droit au but, l’atteint sûrement, et, en libérant son malade, il porte à son comble la générosité et le savoir puisqu’il laisse au malade lui-même le mérite de cette libération et l’usage d’un merveilleux pouvoir. »

Un fin lettré, à qui une dame demande d’écrire un petit chef-d’œuvre sur la bienfaisante « Méthode », s’y refuse absolument et s’appuyant sur le simple mot, qui, employé selon la « Méthode », aide à la disparition de toute souffrance : « ÇA PASSE… », voilà le « chef-d’œuvre » affirme-t-il.

Et les milliers de malades, soulagés ou guéris, ne le contrediront pas !

– Une dame qui a beaucoup souffert déclare : « En relisant la « Méthode », de plus en plus je la trouve supérieure à tous les développements qu’elle inspire; vraiment, il n’y a rien à retrancher ni à ajouter à cette méthode…. mais seulement à la répandre ! Je le ferai dans toute la mesure possible. »

Et concluant maintenant, je dirai :

« Bien que la modestie de M. C… réponde à tous et à chacun :

« Je n’ai pas de fluide… »

« Je n’ai pas d’influence… »

« Je n’ai jamais guéri personne… »

« Mes disciples obtiennent les mêmes résultats que moi, etc.., »

[[106]]

je puis dire en toute sincérité :

« Ils y tendent, instruits par la précieuse Méthode, et quand, dans de longues, bien longues années, la voix vibrante de son auteur, rappelé là-haut, ne pourra plus l’enseigner ici-bas, la Méthode, son œuvre, contribuera à aider, secourir, consoler et guérir des milliers et des milliers d’êtres humains : elle doit être immortelle, et par la France généreuse, communiquée au monde entier… car le fin lettré avait raison, et sut d’un mot faire briller le vrai, cette aide simple et merveilleuse à la disparition de la souffrance :

 « ÇA PASSE !!! »

Voilà le chef-d’œuvre !

B.G. Émile LÉON.

Paris, 6 juin 1920.

 


 

[[107]]

 

Le Miracle en Soi

(Extrait de la Renaissance politique, littéraire et
artistique du 18 décembre 1920)

HOMMAGE A ÉMILE COUÉ

 
 Dans le courant du mois de septembre 1920, j’ouvris pour la première fois le livre de Charles Baudoin, de Genève, professeur dans cette ville, à l’Institut J.-J. Rousseau.

Cet ouvrage s’appelle : « Suggestion et Autosuggestion ». L’auteur l’a dédié « À Émile Coué, à l’initiateur et à l’homme de bien, en profonde reconnaissance ».

Je le lus et ne quittai pas le volume avant d’avoir été jusqu’au bout.

C’est qu’il contient le très simple exposé d’une œuvre magnifiquement humanitaire, appuyée sur une théorie qui peut paraître enfantine tant elle se trouve à la portée de chacun. Et si chacun la met en pratique, il en découlera le plus grand bien.

Depuis plus de vingt ans d’inlassable labeur, Émile Coué, qui habite aujourd’hui Nancy, où il suivit naguère les travaux et les expériences Liébeault, père de la doctrine de la suggestion, depuis plus de vingt ans, dis-je, Coué ne s’est occupé que de cette question, mais tout spécialement pour amener ses semblables à cultiver l’autosuggestion.

Au commencement du siècle, Coué avait atteint le but de ses recherches, il avait dégagé la force immense et générale de l’autosuggestion. Après des expériences in-[[108]] nombrables sur des milliers de sujets, il montrait l’action du subconscient dans les cas organiques. Ceci est nouveau, et le grand mérite de ce savant profondément modeste est d’avoir trouvé le remède à des maux terribles, réputés incurables ou douloureux à l’excès, sans espoir de soulagement.

Ne pouvant entrer ici dans de longs détails scientifiques, je dirai seulement comment le savant de Nancy exerce sa méthode.

Le résumé lapidaire de toute une vie de patientes recherches et d’observations continues, c’est une formule brève, à répéter le matin et le soir.

Il faut la dire à mi-voix, les yeux fermés, dans une position favorable à la détente musculaire, soit au lit, soit dans un fauteuil, et sur le ton employé pour réciter des litanies.

Ces paroles magiques, les voici :

 « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »

On doit les prononcer vingt fois de suite, en s’aidant d’une corde à vingt nœuds, qui fait office de chapelet. Ce détail matériel a son importance, il assure la récitation machinale et c’est essentiel.

Pendant qu’on articule ces mots, que le subconscient enregistre, il ne faut penser à rien de spécial, ni à ses maladies, ni à ses peines, il faut être passif, avec le seul désir que tout soit pour le mieux. La formule « à tous points de vue » est d’un effet général.

Ce désir doit s’exprimer sans passion, sans volonté, avec douceur, mais avec une confiance absolue.

Car Émile Coué, au moment de l’autosuggestion, n’appelle nullement la volonté, au contraire; pas de volonté à cet instant-là, mais que l’imagination, le grand moteur, infiniment plus actif que celui qu’on invoque toujours, que l’imagination seule soit en jeu.

[[109]]

« Prenez confiance en vous, dit ce bon conseiller, croyez, croyez fermement que tout ira bien. » Et, en effet tout va très bien pour ceux qui ont la foi aveugle, fortifiée par la persévérance.

Comme rien ne vaut les faits, je vous raconterai ce qui m’est arrivé à moi-même, avant d’avoir jamais vu M. Coué .

J’en reviens donc à ce mois de septembre où j’ouvris le volume de M. Charles Baudoin. À la suite d’un exposé substantiel, l’auteur énumère la guérison de maladies telles que l’entérite, l’eczéma, le bégaiement, la mutité, une sinusite datant de vingt-cinq ans, et qui avait nécessité onze opérations, la métrite, la salpingite, les fibromes, varices, etc., enfin et surtout, les plaies tuberculeuses profondes et la phtisie (cas de Mme D.., de Troyes, âgée de 30 ans, devenue mère après sa guérison suivie sans rechutes). Ceci constaté souvent par les médecins traitants.

Ces exemples me frappèrent profondément, c’était là le miracle. Il ne s’agissait pas de nerfs, mais de maux que la médecine aborde sans succès. Cette guérison de la tuberculose me fut une révélation.

Atteinte depuis deux ans d’une névrite aiguë de la face, je souffrais horriblement. Quatre médecins, dont deux spécialistes, avaient prononcé la sentence qui suffirait à elle seule à cultiver le mal par son influence néfaste sur le moral : « Rien à faire! » Ce « rien à faire » avait été pour moi le principe de la pire des autosuggestions.

En possession de la formule : Tous les jours, à tous points de vue…, etc., je la récitai avec une foi qui, pour être venue subitement, n’en était pas moins capable de soulever des montagnes et jetant bas châles et écharpes, tête nue, je m’en allai au jardin sous le vent et la pluie en répétant doucement : « Je vais être guérie, il n’y aura plus de névrite, elle s’en va, elle ne reviendra pas, etc. » [[110]] Le lendemain, j’étais guérie et plus jamais, depuis, je n’ai souffert de ce mal abominable qui ne me permettait plus de faire un pas dehors, au moindre vent, à la moindre humidité et me rendait la vie intenable. Ce fut une immense joie. Les incrédules diront : C’était nerveux. Évidemment, et je leur abandonne ce premier point. Mais, ravie du résultat, j’expérimentai la méthode de Coué au sujet d’un œdème de la cheville gauche, résultat d’une affection des reins réputée incurable. En deux jours, l’œdème avait disparu. J’agis au point de vue fatigue, dépression morale, etc., un mieux extraordinaire se produisit et je n’eus plus qu’une idée : aller à Nancy remercier mon bienfaiteur.

J’y fus donc et trouvai l’homme excellent, attirant par sa bonté et sa simplicité, qui est devenu mon ami.

C’était indispensable de le voir sur son terrain d’action. Il me convia à une séance populaire. J’entendis un concert reconnaissant. Les lésions pulmonaires, déplacements d’organes, l’asthme, le mal de Pott (!), la paralysie, toute cette horde funeste reculait. J’ai vu marcher une paralytique tordue et déjetée sur une chaise. Coué avait parlé, il réclamait la confiance, la grande, l’immense confiance en soi. Il disait : « Apprenez à vous guérir, vous le pouvez; moi je n’ai jamais guéri personne. C’est en vous qu’est le moyen, appelez votre esprit, faites-le servir à votre bien physique et moral, et il viendra, il vous guérira, vous serez fort et heureux. » Ayant parlé, Coué s’approcha de la paralytique : « Vous avez entendu, croyez-vous que vous allez marcher ? » – « Oui. » – « Eh bien, levez-vous ! » La femme se leva, elle marcha, fit le tour du jardin. Et le miracle s’accomplit.

Une jeune fille, atteinte du mal de Pott, dont la colonne vertébrale se redressait après trois visites, me dit son bonheur intense de se sentir renaître, alors qu’elle se croyait perdue.

[[111]]

Trois femmes, guéries de lésions pulmonaires, exprimaient leur enchantement d’être rendues au travail, à la vie normale. Coué, au milieu de ces gens qu’il aime, m’apparut comme un être à part, car cet homme ignore l’argent, tout son travail est gratuit et son désintéressement extraordinaire ne lui permet pas de jamais recevoir un centime. « Je vous dois quelque chose, lui dis-je, je vous dois même tout… – Non, seulement le plaisir de continuer à vous bien porter… »

Une irrésistible sympathie entraîne vers ce philanthrope bon enfant; bras dessus, bras dessous nous fîmes le tour du potager qu’il cultive lui-même, se levant tôt. Presque végétarien, il considère avec satisfaction les résultats de son travail. Et puis, la grave conversation reprend : « Vous possédez une puissance illimitée : l’esprit. Il agit sur la matière, si l’on sait le domestiquer. L’imagination est comparable à un cheval sans rênes; s’il traîne une voiture où vous vous trouvez, il peut faire toutes les sottises et vous tuer. Mais attelez-le convenablement, conduisez-le d’une main sûre, il va où vous voulez. Ainsi font l’esprit, l’imagination. Il faut les conduire pour notre bien. L’autosuggestion, formulée par les lèvres, est un ordre que le subconscient reçoit, il l’exécute à notre insu, et surtout la nuit : l’autosuggestion du soir est la plus importante, elle donne de merveilleux résultats.

« À cela, lorsque vous ressentez une douleur physique, ajoutez la formule : Ça passe, répétée très vite, dans une sorte de bourdonnement, en posant la main sur la partie souffrante, sur le front, s’il s’agit d’une peine morale.

Car la méthode agit très efficacement sur le moral. Après avoir réclamé le secours de l’âme pour le corps, on peut le demander encore pour toutes les circonstances et difficultés de la vie. »

[[112]]

Là aussi, j’ai expérimenté que les événements se modifient singulièrement par ce procédé.

Vous le connaissez aujourd’hui.

Vous le connaîtrez mieux en lisant le livre de M. Baudoin, puis sa brochure : La Force en Nous, et, enfin, le petit traité succinct écrit par M. Coué lui-même : La Maîtrise de soi-même.

Si j’ai pu vous inspirer le désir de faire vous-mêmes le pèlerinage de Nancy, comme moi, vous aimerez l’homme unique, peut-être, par sa très noble charité, par son amour de ses frères, tel que le Christ l’a enseigné.

Et, comme moi, physiquement, moralement, vous serez guéris. La vie vous paraîtra meilleure, plus belle. Cela, n’est-ce pas, vaut bien la peine d’essayer !

M. BURNAT-PROVINS.

 


[[113]

 

L’Éducation telle qu’elle devrait être

 
 Chose qui peut sembler paradoxale au premier abord, l’éducation de l’enfant doit commencer avant sa naissance. En effet, si une femme qui a conçu depuis quelques semaines se fait dans l’esprit l’image du sexe de l’enfant qu’elle mettra au monde, des qualités physiques et morales qu’elle désire lui voir posséder, et qu’elle continue, pendant le temps de la gestation, à se faire la même image, l’enfant aura vraisemblablement le sexe et les qualités imaginés.

Les femmes spartiates n’engendraient que des enfants robustes, qui devenaient plus tard des guerriers redoutables, parce que leur plus grand désir était de donner de tels hommes à la patrie : tandis qu’à Athènes les femmes avaient des enfants intellectuels chez lesquels les qualités de l’esprit l’emportaient de cent coudées sur les qualités physiques.

L’enfant ainsi procréé sera donc apte à accepter facilement les bonnes suggestions qui lui seront faites et à les transformer en autosuggestions qui détermineront plus tard la conduite de sa vie. Car il faut savoir que toutes nos paroles, tous nos actes ne sont que le résultat d’autosuggestions causées la plupart du temps par la suggestion de l’exemple ou de la parole.

Que doivent donc faire les parents et les maîtres pour éviter de provoquer de mauvaises autosuggestions et en provoquer de bonnes chez les enfants ? Être toujours avec eux d’une humeur égale, leur parler d’un ton doux, mais cependant ferme. On les amène ainsi à obéir sans même qu’ils aient la tentation de résister.

[[114]]

Surtout, surtout qu’on évite de les brutaliser, car on risque de déterminer chez eux l’autosuggestion de crainte, accompagnée de haine.

Éviter aussi avec soin de dire devant eux du mal de personnes quelconques, comme cela se fait souvent dans les salons où, sans en avoir l’air, on déchire à belles dents une bonne amie absente. Fatalement ils suivraient cet exemple funeste et pourraient quelquefois déterminer plus tard de véritables catastrophes.

Éveiller en eux le désir de connaître les choses de la nature et chercher à les intéresser en leur donnant très clairement toutes les explications possibles en employant un ton enjoué et de bonne humeur. Par conséquent, répondre à leurs questions avec complaisance, au lieu de les repousser en en leur disant : « Tu m’ennuies, laisse-moi tranquille, on t’expliquera cela plus tard. »

Sous aucun prétexte, ne jamais dire à un enfant : « Tu n’es qu’un paresseux, un propre à rien, etc. », parce que cela crée chez lui les défauts qu’on lui reproche.

Si un enfant est paresseux et ne fait jamais que de mauvais devoirs, on devra lui dire un jour, alors même que cela n’est pas vrai : « Ah! aujourd’hui tu as mieux fait que d’habitude, c’est bien, mon petit. » L’enfant, flatté de cet éloge auquel il n’est pas habitué, travaillera certainement mieux la fois suivante et peu à peu, grâce à des encouragements donnés avec discernement, il arrivera à devenir réellement travailleur.

Éviter à tout prix de parler de maladies devant les enfants, ce qui pourrait en déterminer. Leur apprendre au contraire que la santé est l’état normal de l’homme et que la maladie est une anomalie, une espèce de déchéance que l’on évitera en vivant d’une façon sobre et réglée.

Ne pas créer de défauts chez eux, en leur apprenant à [[115]] craindre ceci ou cela, le froid, le chaud, la pluie, le vent, etc., l’homme étant fait pour supporter tout cela impunément, sans en souffrir et sans se plaindre.

Ne pas rendre l’enfant craintif en lui parlant de Croquemitaine (sic) et de loups-garous, car la peur contractée dans l’enfance risque de persister plus tard.

Donc ceux qui n’élèvent pas eux-mêmes leur enfants doivent bien choisir les personnes auxquelles ils les confient. Il ne suffit pas que celles-ci aiment les enfants, il faut encore qu’elles aient les qualités que l’on désire que les enfants possèdent.

Éveiller en eux l’amour du travail et de l’étude, en les leur rendant faciles, en leur expliquant, comme je l’ai dit plus haut, les choses clairement et aussi d’une façon plaisante, en introduisant dans les explications quelque anecdote amusante qui fait désirer à l’enfant les leçons suivantes.

Leur inculquer surtout que le travail est indispensable à l’homme, que celui qui ne travaille pas d’une façon quelconque est un inutile, que tout travail procure à celui qui l’accomplit une satisfaction saine et profonde, tandis que l’oisiveté, tant rêvée par les uns, crée l’ennui, la neurasthénie, le dégoût de la vie, et conduit à la débauche et même au crime celui qui ne possède pas les moyens de satisfaire les passions qu’il s’est créées par l’oisiveté.

Enseigner aux enfants à être toujours polis et aimables vis-à-vis de tous et plus particulièrement envers ceux que le hasard de la naissance a placés dans une classe inférieure à la leur, à respecter la vieillesse et à ne pas se moquer des défauts physiques ou moraux qui sont souvent la conséquences de l’âge.

Leur apprendre que l’on doit aimer tout le monde, sans distinction de position sociale, qu’on doit être toujours [[116]] (être) prêt à secourir celui qui est dans le besoin et à ne pas craindre de dépenser son temps et son argent pour lui; que l’on doit en un mot songer plus aux autres qu’à soi-même; enfin qu’en agissant ainsi on éprouve, sans la chercher, une satisfaction intime que l’égoïste cherche toujours sans jamais la trouver.

Développer chez eux la confiance en eux-mêmes, leur apprendre qu’avant de faire une chose, on doit la soumettre au contrôle de la raison, en évitant d’agir d’une façon impulsive, et que, après l’avoir raisonnée, on doit prendre une décision sur laquelle on ne revient plus, à moins que l’on n’ait la preuve qu’on s’est trompé.

Leur apprendre surtout que chacun doit partir dans la vie avec l’idée bien précise, bien arrêtée, qu’il arrivera et que, sous l’influence de cette idée, il arrivera fatalement, non pas qu’il doive tranquillement attendre les événements, mais parce que, poussé par cette idée, il fera ce qu’il faut pour cela; il saura profiter des occasions ou même de l’unique occasion qui passera près lui, cette occasion n’eut-elle qu’un seul cheveu; tandis que celui qui doute de lui-même, c’est le Constant Guignard, à qui rien ne réussit, parce qu’il fait tout ce qu’il faut pour ne pas réussir. Celui-ci pourra nager dans un océan d’occasions pourvues de chevelures absaloniennes, il ne trouvera pas le moyen d’en saisir une seule, et il déterminera souvent les événements qui le feront échouer, alors que celui qui a en lui-même l’idée du succès fera naître quelquefois d’une façon inconsciente ceux qui détermineront le succès.

Mais surtout que les parents et les maîtres prêchent d’exemple. L’enfant est extrêmement suggestible. Tout ce qu’il voit faire, il le fait : donc les parents sont tenus de ne donner que de bons exemples aux enfants.

Dès que les enfants peuvent parler, leur faire répéter [[117]] matin et soir, vingt fois de suite, la phrase : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux, » qui déterminera chez eux une excellente santé physique et morale.

On aidera puissamment à faire disparaître les défauts de l’enfant et déterminer chez lui l’apparition des qualités opposées, en lui faisant de la suggestion comme il suit :

Toutes les nuits, lorsque l’enfant est endormi, s’approcher doucement de son lit de façon à ne pas l’éveiller, s’arrêter à environ un mètre de lui et lui répéter quinze à vingt fois de suite, à voix très basse (en murmurant) la ou les choses que l’on désire obtenir de lui.

Enfin il serait à souhaiter que chaque matin les maîtres fissent de la suggestion à leurs élèves de la façon suivante. Après leur avoir fait fermer les yeux, ils leur diraient : « Mes amis, j’entends que vous soyez toujours des enfants polis, aimables envers tout le monde et obéissants vis-à-vis de vos parents et de vos maîtres, et quand ceux-ci vous donneront un ordre ou vous feront une observation, vous tiendrez toujours compte de l’ordre donné ou de l’observation faite, sans que cela vous ennuie. Vous pensiez autrefois que quand on vous faisait une observation, c’était pour vous ennuyer : maintenant vous comprenez très bien que c’est dans votre intérêt seul qu’on vous l’adresse; par conséquent, loin d’en vouloir à la personne qui vous la fait, vous lui en êtes au contraire reconnaissants.

« De plus, vous aimerez le travail, quel qu’il soit; mais, comme actuellement celui-ci consiste pour vous dans l’étude, vous aimerez toutes les choses que vous devez étudier, même et surtout celles que vous n’aimiez pas autrefois. Donc, lorsque vous serez en classe, et que le professeur fera une leçon, vous porterez exclusivement votre attention sur ce qu’il dira, sans vous occuper [[118]] des sottises que pourront faire ou dire vos camarades et surtout sans en faire ou en dire vous-mêmes.

« Dans ces conditions, comme vous êtes intelligents, car vous êtes intelligents, mes amis, vous comprendrez facilement, vous retiendrez de même : les choses que vous aurez apprises s’emmagasineront dans un casier de votre mémoire où elles resteront à votre disposition et d’où vous les tirerez au moment du besoin.

« De même, lorsque vous travaillerez seuls, à l’étude ou à la maison, que vous ferez un devoir ou que vous étudierez une leçon, là encore vous porterez uniquement, exclusivement votre attention sur le travail que vous faites, et vous aurez ainsi toujours de bonnes notes pour vos devoirs et vos leçons. »

Tels sont les conseils qui, s’ils sont bien suivis, donneront des enfants pourvus des meilleures qualités physiques et morales.

Nota. – Tous les jours je reçois des lettres de personnes qui m’exposent longuement tous les symptômes dont elles souffrent et me demandent ce qu’elles doivent faire dans leur cas.

Ces lettres sont inutiles.

Ma méthode étant générale et, par conséquent, s’adressant à tout, je n’ai pas de conseils particuliers à donner quels que soient les cas.

La seule chose à faire est, tout en continuant soigneusement le traitement institué par le docteur, de suivre très exactement les instructions données à la page 22 de « La Maîtrise ». Si on les suit bien, on obtiendra tout ce qu’il est humainement possible d’obtenir.

Je dois ajouter que souvent j’ignore où s’arrêtent les limites de la possibilité.

Pour les enfants, il sera bon de leur faire de la suggestion pendant leur sommeil, comme il est dit à la page 36 de la brochure.

 

 

Lire le livre d’Émile Coué | pages 1 à 37 | pages 38 à 75 | pages 76 à 118